Please, please. Don't leave me.

« Tu as tout à fait raison, Miss, ça ne peut pas être pire que... ça! » Je le regardais, faussement offusquée bien que j'étais une habituée à ce genre de réplique qui vous renvoie la balle aussi vite que le lancée avait été fait. En réalité, j'avais quelque peu commencé. J'avais toujours eu cette tendance à me déprécier, encore plus facilement devant ces êtres qui semblaient avoir beaucoup eux, comme cette beauté mystérieuse qui entourait Liam sans qu'on puisse expliquer pourquoi il nous donnait cette impression. Je le regardais filer, impuissante face à ce bourreau qui s'appelait « travail », bien dans l'idée de rester jusqu'à la fermeture, peu importe l'état dans lequel j'allais être.

J'avais toujours eu une vision assez pathétique de l'amour. Depuis toute petite - comme la majorité des fillettes - j'avais été bercé par ses contes à la Walt Disney, croyant naïvement qu'un jour, viendrait mon prince charmant qui me sauverait de n'importe lequel des problèmes que je pourrais rencontrer dans la vie. J'y avais cru si fort et tellement longtemps que j'avais mis plus longtemps que toutes les autres filles à réaliser que tout ça, ça ne se produisait jamais dans la réalité, pas dans le monde d'aujourd'hui dans tous les cas. Quand je fus en âge de comprendre l'histoire de Roméo et Juliette, j'avais été heureuse d'avoir comme deuxième prénom celui de cette grande héroïne. Je rêvais qu'un jour, je trouverais un garçon qui m'aimerait autant qu'un Roméo pouvait aimer sa Juliette, qui serait auprès d'elle peu importe ce qu'il pouvait vivre et qui serait prêt même à mourir s'il devait me perdre. Désillusionnée, c'est ce que j'étais. De croire que de telles choses pouvaient arriver. Qu'un garçon et une fille pouvait s'aimer autant que dans cette histoire, pour moi c'était magique, mais complètement irrationnelle lorsque l'on y pense bien. Peut-être pas impossible, qui sait mais, tout de même loin d'être courant. Comment une passion comme celle de Roméo pour Juliette pouvait-elle rester un amour à longue durée? Peut-être qu'au fond, s'ils mourraient à la fin, c'est parce que leur amour allait finir par mourir bien avant eux autrement. Mais aujourd'hui, alors que je ne cessais de jeter mon regard derrière le bar où travaillait Liam, je me disais inconsciemment que si j'avais dû mettre une image, une tête à mon Roméo, elle aurait probablement eu celle de Liam, identique.

Le temps filait, les boissons me passaient sous le nez sans que je n'ai réellement le temps de réaliser que je les enfilais tous uns après les autres, alcoolisant mon corps au maximum de sa capacité. J'aurais voulu savoir ce à quoi Liam pensait à l'instant. Être en mesure de lire dans ses pensées, lire clairement ce qu'il pensait de moi, comment il me trouvait, si j'étais réellement de son goût ou s'il n'agissait de la sorte seulement parce qu'il avait pitié de la petite amnésique que j'étais. Même s'il m'avait reconnu, même s'il avait été gentil, voir même adorable en ma compagnie et qu'il m'avait demandé de l'attendre après la fermeture, un doute en moi ne cessait de grandir plus les minutes sans sa présence à mes côtés passaient. Je n'étais pas à sa hauteur, pas un centième de la beauté qu'il était et il était mystère sur pattes alors qu'il savait tout de moi en moins d'une soirée. Peut-être était-ce pour ça qu'involontairement, je m'étais mis à boire tout ce qui se trouvait sous mon nez? Même cette vodka qui généralement ne m'allait pas, généralement à me rendre malade. Ce soir, elle semblait plutôt bien rentrer alors que j'attendais que les minutes filent sur la piste de danse, mon cousin pas trop loin qui dansait en compagnie d'une jolie brune. J'attendais, j'attendais patiemment que le temps file et que je me retrouve finalement en compagnie de celui qui n'avait pas quitté mes pensées un seul instant sans sa compagnie. Je me faisais presque pitié maintenant, à moitié soûle, ne songeant qu'à lui, mais c'était plus fort que moi, plus fort que tout.

« Oh non, effectivement ce n'est pas drôle. » C'était bon, agréable, apaisant. Entendre sa voix était le meilleur de tous les remèdes jamais créer contre les gueules de bois intenses. Pour la première fois depuis que mon taux d'alcoolémie s'était fait sentir trop élevé, j'avais une nouvelle poussée d'énergie. Certes très faible, mais tout de même appréciable comparée à l'état lamentable dans lequel j'avais été dans les dernières vingt-cinq minutes. J'avais une nouvelle fois envie de répliquer, aillant parfaitement entendu se rire sourd dans sa gorge maintenant que le bruit de la place avait cessé, mais je ne me sentais pas assez forte pour le faire. « Au moins tu as passé du bon temps, pas vrai? » Oui, je m'étais bien amusée. Une nouvelle fois, j'avais eu l'impression de profiter de la vie pour de bon, pour de vrai. Je sortais parfois mais, je n'avais pas toujours l'impression que j'en profitais réellement. « Je me serais encore plus amusée si t'avais dansé avec moi. » Je m'appuyais une nouvelle fois sur le bar mais, avec l'intention de m'y lever cette fois-ci. La place plus ou moins vide, un silence étrange régnant, l'ambiance n'était plus du tout la même. Les filles avaient cessé de danser et s'étaient rhabillés et seuls Liam et moi se trouvions encore dans la salle principale. C'était une ambiance plus, intime si l'on voulait. Agréable d'une certaine façon mais tout aussi étrange de l'autre. « AH! Oui pas de problème. » Momentanément, je me retrouvais encore plus proche de lui que je n'avais jamais imaginé l'être. Et étonnamment, j'étais bien. En réalité, j'étais plus que bien. Je sentais ses bras forts autour de ma taille alors que je passais mon bras autour de son épaule, prenant tout l'appui possible sur lui. Mes jambes me semblaient molles alors que ma tête tournait d'une façon assez commune, je me devais de l'avouer. « Merci » murmurais-je d’une voix plutôt faible alors que je ne pouvais m’empêcher de tourner mon visage quelque peu vers lui et d’étirer mes lèvres dans un éternel sourire. Il me rendait heureuse et je n’arrivais toujours pas à expliquer pourquoi.

Dans cet état, je ne savais pas ce qui était le mieux? Rentrer à la maison et le renvoyer chez lui ensuite vu mon stade avancé de « bourrage express » ou devais-je l'inviter à rentrer, rester près de lui aussi longtemps que possible? Les pensées se bousculaient dans ma tête si rapidement qu'elles ne faisaient que me donner un peu plus mal à la tête à chaque pas que je faisais. Soudainement, je sentis mon corps se soulever quelques instants et la dernière chose que je savais, c'était que j'étais maladroitement assise sur un banc près d'un parc. Je le vis soudainement disparaître sans un mot bien qu'il me revint seulement quelques secondes plus tard veste à la main. Il passa la veste autour de mes épaules alors que j'apercevais à peine que j'étais en train de grelotter. « Tiens, ça va te tenir au chaud. » Un nouveau sourire témoigna de ma reconnaissance et sentant ma tête devenir un peu plus lourd, je la posais délicatement contre l'épaule du garçon. « Est-ce que tu veux retourner chez toi? » C'était maintenant que ça se décidait. Si je lui demandais de venir avec moi pour rester, ou si je lui demandais seulement sa gentille aide pour m'aider à me rendre à destination. Je ne voulais pas que la soirée se termine ainsi, je ne voulais pas l'avoir attendu pour seulement un au revoir d'un signe de la main. « Seulement si tu m'accompagnes et que tu m'offres encore un peu de temps. » L'alcool nous faisait vraiment dire n'importe quoi, mais pour une fois j'en étais drôlement contente.

Le vent était froid contre mes jambes alors que je pouvais marcher tranquillement mais, sûrement par moi-même jusqu’à mon domicile, sentant néanmoins que Liam était prêt à m’attraper si soudainement je tombais. Le silence se faisait sentir alors que je ne trouvais clairement rien d’intelligent à dire, perdue dans mes pensées comme il semblait perdu dans les siennes. « À quoi tu penses? » Je voulais savoir. Ça m’intriguait tellement. Lui en entier m’intriguait au complet.