C'est avec une assurance déconcertante qu'elle entra dans la librairie. Et avec désinvolture qu'elle entreprit de feuilleter quelques pages d'un roman très médiatisé. Je ne sais pas pourquoi mais je fus attiré par cette jeune femme qui pourtant d'un seul regard avait montré son désintérêt total de ma personne. J'ai tout de suite su que c'était quelqu'un de charismatique. Je tentai d'engager la conversation d'une façon totalement banale, en lui demandant l'heure. Un sourire narquois naquit sur son doux visage. Elle déposa le livre d'un geste très lent sur le présentoir, et prit son temps pour m'accorder quelque unes de ses précieuses paroles. « Écoutez, je ne veux pas perdre mon temps. Alors si vous voulez me baiser, on se fait ça ce soir, j'ai rien de prévu? Venez me chercher chez moi. À 20 heure, ça vous convient? Et faites moi le plaisir de brûler cette chemise hideuse.» Je fus légèrement interloqué par ses paroles. Provoquer, c'est avec le temps, que je découvrirais que c'était son passe temps favori. Elle griffonna sur un bout de papier un nom de rue et ressortit du magasin comme elle était venue. A huit heure pille, je m'engageais dans la rue, serré dans un costume luxueux que je ne portais que lors des grandes occasions. Je ne connaissais rien d'elle, mais je reconnus sa silhouette. Resplendissante dans une robe blanche très chic, ses cheveux relevés laissant apparaître sa nuque je ne pus m'empêcher de ne plus la quitter du regard tandis qu'elle pénétrait dans la voiture. « Vous savez que c'est assez gênant si vous restez comme ça, bêtement à me contempler?» dit-elle toujours très amusée de la situation. « Vous êtes magnifique...» puis-je articuler. « Je sais bien...». Ah cette modestie à toute épreuve. Je passai le repas le plus étrange mais original de ma vie. Graziella était vraiment une fille très cultivée qui n'avait aucun mal à débiter plus de mille mots à la minute, mais n'en restait pas pour autant très mystérieuse. Elle m'avait soulignée le fait que j'avais vraiment de la chance d'être ici avec elle, car d'habitude elle était vraiment très froide et ne se serrait pas gêner pour m'envoyer royalement me faire foutre, je cite. En évoquant sa famille, j'avais ressenti cette gêne s'installer. Mais elle m'avait souri mélancoliquement, et j'avais vite déceler que cette fille n'en était pas moins sensible et fragile que très rentre dedans. Elle m'avait raconté la façon dont elle vivait, très librement ne supportant pas l'autorité, et m'avait aussi révéler qu'elle n'éprouver aucun remord à faire souffrir les gens, ce qui m'avait fait avaler mon Bordeaux de travers. « C'était sympa cette soirée, tu sais j'ai vraiment bien aimé. Au revoir...»